Syracuse

Edi DUBIEN

Edi Dubien est né en 1963. Autodidacte, il invente depuis 1990 une oeuvre singulière, éprise de nature, emprunte des questions du genre, de sujets intimes et existentiels, « d’urgence personnelle » comme l’écrit Marie Maertens. Photographe à l’origine, sculpteur parfois, c’est avant tout par la peinture et le dessin qu’il déploie « ses » sujets, les mêlant, les faisant devenir autonomes, avec un geste toujours léger, une occupation de la toile ou de la page souvent minimum, faisant ainsi surgir LE sujet comme essentiel. La réserve est un élément constitutif de son œuvre, les sujets apparaissant souvent sur un fond neutre, gagnant ainsi en autonomie, en expression, en force douce.

L'oeuvre "L'aube de mon corps" témoigne de ses sujets de prédilection, le genre, ce qui lie l’homme et la nature puisque ses œuvres traduisent et convoquent sans cesse cette relation essentielle, hélas trop souvent distendue. Profondément autobiographique, par nature existentielle, cette œuvre est traversée de grands sujets personnels qui rencontrent aujourd’hui les questions sociétales : l’identité, la transition, la jeunesse en souffrance, la lutte environnementale.

Informations sur l'oeuvre :

Oeuvre : L'aube de mon corps

Vidéo:  Présentation de l'oeuvre par Edi Dubien

CQFD "A mains nues"; (page 70/84)

Informations sur l'artiste :

Website de l'artiste

Exposition récente : Les Meutes - Henri Cueco et Edi Dubien,  Le Transpalette - Centre D'art Contemporain à Bourges

Ressources documentaires

Jean-Christophe NORMAN

Né en 1964 à Besançon, il vit et travaille à Marseille. Alpiniste dans les années 1990, soudainement empêché par des problèmes de santé, il trouve une échappatoire dans l’art et la littérature, et s’ouvre une nouvelle voie vers une carrière d’artiste autodidacte. Son œuvre est profondément marquée par une confrontation entre son corps et l’espace qu’il se réapproprie. Depuis plus d’une dizaine d’années, il s’est engagé dans un travail protéiforme, dont les fondements sont basés sur la répétition, l’écriture et la marche, tant mentale que physique.

Seascape (Moby Dick) est un ensemble composé de cinq cent vingt-huit pages mobiles issues d’une édition du roman Moby Dick d’Herman Melville. Jean-Christophe Norman a peint chacune d’entre elles à l’huile et à l’encaustique. L’artiste réalise ainsi des variations autour du ciel et de la mer, deux entités omniprésentes au sein de l’odyssée de Melville. Chaque page est exposée épinglée au mur, formant un vaste ensemble dans lequel le regard peut errer et se perdre. L’œuvre s’inscrit dans une démarche de recouvrement de textes littéraires, de photographies, ou de journaux du monde entier par l’artiste (séries Cover;Bookscape;Ojos). Les mots deviennent invisibles mais se trouvent aussi protégés par les couches de peinture ou de graphite qui se font temples, sanctuaires.

Informations sur l'oeuvre :

Oeuvre : Seascape (Moby Dick)

Informations sur l'artiste :

Représenté par la Galerie C à Paris

Exposition récente : Faut-il voyager pour être heureux ? à  l'Espace Fondation EDF à Paris

Ressources documentaires

Rémy YADAN

Rémy Yadan est un artiste originaire du Val-de-Marne, né en 1976. Depuis plusieurs années, il vit et travaille à Plougasnou dans le Finistère. Il est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Cergy-Pontoise où il a développé une pratique artistique croisant la mise en scène, le théâtre et la vidéo.

Réalisée dans le cadre de sa résidence à la Villa Médicis à Rome en 2012, l’œuvre "Le Choeur des Hébreux" compile avec justesse ces différents thèmes chers à l’artiste. Dans cette vidéo, des nuées d’étourneaux tournoient au-dessus de la basilique Saint-Pierre à Rome sur un fond de musique d’opéra. Véritable ballet aérien, presque hypnotisant, ce vol d’oiseaux révèle une résistance des corps. En effet, selon les scientifiques, le regroupement des étourneaux serait un stratagème pour repousser les potentiels prédateurs et pour lutter contre le froid. La notion de langage et d’échange est d’autant plus forte avec la reprise d’un chant issu de l’opéra Samson et Dalila, composé par Camille Saint-Saëns en 1877, sur lequel évolue cette chorégraphie des cieux. En effet, « Le Chant des Hébreux » marque le premier acte et correspond à une supplique à Dieu du peuple d’Israël. A la suite de l’Exode, les Hébreux ont migré en Palestine mais subissent l’oppression des Philistins. Ils prient Dieu de leur venir en aide et Samson les encourage à garder la foi et à résister. La référence biblique est d’autant plus forte dans cette œuvre avec la présence de la basilique Saint-Pierre, haut lieu de la chrétienté, qui est ici le témoin des vols d’oiseaux. Véritable passionné de musique, l'artiste met en avant ces notions de fragilité des corps, de résistance mais aussi de spiritualité. Il croise dans "Le Chant des Hébreux" les références religieuses, musicales et historiques. Une grande force se dégage de cette œuvre qui invite à la contemplation et qui traduit « […] la poésie des êtres, nos impasses existentielles, nos issues, tout ce qui alimente nos incapacités à vivre ensemble. »

Mimosa ECHARD

Née en 1986 à Alès. Elle vit et travaille à Paris. Mimosa Echard s'intéresse à la création d'écosystèmes hybrides où le vivant et le non-vivant, l'humain et le non-humain cohabitent. Ses œuvres explorent des zones de contact et de contamination entre objets organiques et objets de consommation. Les œuvres de Mimosa Echard décrivent l’ambiguïté que nous entretenons avec le monde, nous voulons le protéger, mais nous le polluons du fait même de notre existence et de notre mode de vie.

L'oeuvre "Margo" est très liée à la représentation du corps, son enveloppe, sa peau, cette membrane faite de différentes couches de matière organique, fluide, mêlée à du maquillage, des cosmétiques, de la cire dépilatoire et des éléments synthétiques comme des faux ongles, des gélules, des paillettes, des perles et des sequins, mais également de la soie, de l’organza ou de la feuille d’or, des plantes et graines séchées également. Elle introduit également des médicaments de fertilité, des pilules contraceptives.  Ces grands tableaux, bas-reliefs chaotiques, s’apparentent à une forme d’archéologie anticipée, qui pourrait être les vestiges ou déchets d’une civilisation contemporaine pas encore tout à fait disparue. Mimosa Echard nous immerge dans un univers mutant, où les formes et objets dégénèrent, se liquéfient, s’infusent les uns et les autres, existent entre plusieurs états qui leur confèrent cette étrangeté. La composition alterne entre un côté séduisant, glossy, et quelque chose de plus aléatoire, moins maîtrisé. Les panneaux sont réalisés à plat, par dripping, l’artiste laissant la matière s’écouler, respectant son mouvement naturel.

Informations sur l'oeuvre :

Oeuvre : Margo 

Interview de l'artiste

CQFD "A mains nues" ; (page 35/84)

Informations sur l'artiste :

Website de l'artiste

Artiste représentée par la Galerie Chantal Crousel à Paris

Exposition récente : Escape more au Centre Pompidou à Paris

Ressources documentaires

Mark GEFFRIAUD

Né en 1977 à Vitry-sur-Seine. Il vit et travaille à Paris. Basé sur la production d’installation, de sculptures et de films, le travail de Mark Geffriaud se concentre sur la construction du temps et de la mémoire. Des questions de disparition, de vide et de transparence apparaissent régulièrement dans son travail. Centrées sur l’apparition (circulation) et la disparition (oubli) des images et des formes, les œuvres de Geffriaud dessinent une archéologie fragmentée dans laquelle le malentendu en tant que processus cognitif joue un grand rôle.

L'oeuvre "Deux mille quinze" est une installation de 15 films projetés. Pour la réalisation de l’œuvre, l’artiste est parti en Amérique du Sud, au pays des Aymaras, entre Bolivie et Chili, fort de la connaissance de certains faits jugés à juste titre comme à la fois extraordinaires et étrangement concordants. Au-delà de ce rapport au temps, c’est également et nécessairement dans un rapport à l’espace que se joue l’intervention filmique : à l’image de ces pierres « fatiguées », le film se présente éclaté en plusieurs projections dans les salles pour être parcouru par les visiteurs. « Pour "Deux mille quinze", j’avais envie de proposer un objet qui soit en partie spéculatif. Le film dont il est question dans la bande son, c’est celui que le visiteur réalise en parcourant l’exposition, en circulant dans la chronologie, comme dans un banc de montage. Personne ne voit deux fois la même chose. La bande-son n’est pas synchronisée avec les images, elle n’a pas la même durée qu’elles ; les obturateurs n’interrompent jamais deux fois l’image au même moment. Ce dispositif ne cesse de proposer de nouvelles lectures » Mark Geffriaud.

Esther FERRER

Artiste espagnole vivant en France, plasticienne et performeuse, Esther Ferrer est née en 1937 pendant la guerre civile espagnole, au Pays basque. Dès l’origine de son œuvre, elle place le corps, le sien souvent, son premier modèle, au cœur de son action. Les actions de l'artiste s'adressent à l'intellect. Elle refuse de recourir à l'émotionnel.

La série "Mains féministes" est composée de photographies, radiogrammes découpés et montés. Reproduisant un geste utilisé durant les manifestations féministes des années 1970, des yeux grands ouverts encadrés de deux mains écartées, pouce et index joints, nous fixent en nous demandant de réagir. D’une grande puissance plastique, ces œuvres viennent rappeler les mouvements féministes des origines, le pouvoir affirmé et revendiqué par les artistes femmes, par ce qui continue d’être un combat dans de trop nombreuses sociétés de nos jours. Elles résonnent enfin avec ces gestes du quotidien d’adresse à l’autre.

Myriam MIHINDOU

Née en 1964 à Libreville au Gabon, elle vit et travaille à Paris. Artiste pluridisciplinaire, c’est néanmoins la performativité du corps qui sous-tend chacune de ses créations : « Quoi que je produise, je suis toujours en performance. ». Pour elle, le corps, individuel ou social, pris entre le somatique et le psychique, est le lieu de la mémoire intime et collective. L’œuvre d’art et la figure de l’artiste mettent en exergue les fragilités pour mieux les soigner. Fascinée par les dictionnaires et les encyclopédies, les mots et le langage constituent également un fil rouge : lieu de refuge lorsque, plus jeune, elle souffrait d’aphasie (trouble du langage), mais aussi révélateurs des métissages, et des phénomènes d’oppression, notamment dans le contexte colonial et postcolonial.

"Désamours". Le mot apparait, gigantesque, tracé en fils de cuivre noués les uns autour des autres. Le préfixe « de » ou « dé » qui, dans la langue française, marque la fin d’un état ou d’une action, est ici accolé au terme « amour », à moins que Myriam Mihindou ait voulu signifier la pluralité « des amours ». Comme le souligne Julie Crenn, « […] l’artiste travaille la plasticité des mots, au sens propre comme au sens physique. ». Le mot devient ici symbole de l’ambivalence, ce que souligne la technique de réalisation : « Les lettres graciles […] endossent des formes organiques sur lesquelles apparaissent des jointures noueuses et piquantes. ». Le sentiment et l’affect prennent une place démesurée, variable et mutante. Myriam Mihindou joue ici avec l’étymologie, comme pour mieux laisser une interprétation ouverte voire une réappropriation du langage par le visiteur.

Informations sur l'oeuvre :